UN TRAITEMENT ETIOLOGIQUE
La thérapie analytique permet de traiter de nombreuses souffrances de vie. En particulier, la psychothérapie psychanalytique est un traitement étiologique de la dépression pathologique – mentale ou masquée – c’est-à-dire qu’elle traite ses causes, communément appelées « le terrain dépressif ».
L’analyste travaille avec une technique et un cadre précis, issus de sa propre analyse, longue et approfondie, de sa formation théorique universitaire initiale, de sa formation continue, et de ses centres d’ intérêt personnels.
Notre travail avec le patient est basé sur l’analyse de son discours, de ses ressentis et émotions, de ses rêves et de ses comportements, analyse qui permet de recréer des « liens de sens » perdus.
Dans la mesure où le traitement par la thérapie psychanalytique implique chez le patient une réelle motivation et une participation active, un à trois entretiens sont nécessaires avant la mise en place du cadre.
Les séances durent 45 minutes, leur rythme est hebdomadaire.
Le processus de la thérapie analytique
Dans un premier temps, la thérapie va permettre au patient de mieux comprendre son histoire passée, de mettre des mots sur des relations, sentiments ou idées, qui n’avaient pas été formulés auparavant.
Dans un deuxième temps, le patient va apporter des images mentales et éléments psychiques dont certains correspondent aux racines somatiques du psychisme. Ces nouveaux éléments feront émerger une vérité personnelle imprévue, inédite, souvent différente de l’histoire à laquelle le patient croyait … vérités psychiques qui remplaceront progressivement le symptôme physique.
Car le patient ressent physiquement et donne à voir, à travers son symptôme somatique, ce qu’il ne peut ni concevoir ni ressentir psychiquement.
C’est pourquoi il est nécessaire que le patient soit motivé et intéressé par cette recherche de vérité, comparable au chemin effectué par Orphée pour aller chercher Euridyce, laquelle symbolise cette partie de soi non perçue, ce sens perdu ou jamais trouvé, tombé dans les limbes du corps.
Donner un sens modifie la perception
Comme dans le mythe grec, il y a une autre condition, dont dépend la réussite de la thérapie psychanalytique. Cette condition, dans le mythe, est de renoncer à « se retourner pour vérifier » si Euridyce est bien là. On peut y voir, dans une correspondance entre le mythe d’ Orphée et le patient en thérapie, l’aptitude à faire confiance au thérapeute, en tant qu’une personne différente de soi et capable d’aider à acquérir une autre perception de soi ou du symptôme . Le thérapeute aide le patient à donner du sens à ce qui en semble dépourvu. Donner un sens modifie le vécu et souvent la douleur attachée à ce vécu.
On peut y voir aussi l’aptitude à ne pas s’accrocher à ses certitudes, au connu. Parmi les convictions qu’il est utile d’abandonner, il y a celle qu’un symptôme corporel aurait nécessairement une causalité organique.
Notre corps (somatique) est intimement associé à notre inconscient (psychique)
La maladie psychosomatique s’enracine non pas dans des champignons ou des bactéries, ni dans un nerf lésé, mais dans les représentations, conscientes et inconscientes, qui tissent l’histoire vécue d’une personne. Cette aptitude à s’ouvrir à une dimension de soi inconnue, qui fait sens, peut exister chez des personnes peu instruites ou des personnes déjà avancées en âge, tout comme elle peut être absente chez des personnes jeune ou très diplômées.
Ensuite vient la capacité, chez le patient, à utiliser les découvertes que lui aura apportées son analyse, pour modifier certains aspects concrets de sa vie.
La thérapie psychanalytique peut apporter, en plus de la disparition durable du symptôme, objet de la demande initiale, des bénéfices plus globaux, qui se manifesteront par des relations plus satisfaisantes avec les autres et à la réalité, le développement d’une créativité et d’une éthique, une meilleure capacité à intégrer les changements et autres « chocs du futur » – cf l’ évaluation réalisée par l’INSERM.
Le travail analytique développe l’autonomie
Les neurosciences ont récemment validé la possibilité de l’existence de l’ «inconscient» (1, 2), donnée individuelle dont la traçabilité dépend de l’histoire singulière et unique d’une personne, en continuité avec la « plasticité neuronale ». Les connexions entre les neurones sont modifiées par l’apprentissage conscient et inconscient, qui crée ou reconfigure les connexions neuronales.
Le travail psychanalytique est un apprentissage, à l’aide du processus associatif, de l’histoire inconsciente individuelle, tissée dans l’histoire consciente d’une personne. En atteignant les strates inconscientes individuelles précisément impliquées dans le déclenchement du symptôme, le travail analytique peut entraîner une modification durable et ciblée du fonctionnement cérébral, au même titre que les substances biochimiques et autres médicaments.
Un bénéfice important du travail psychanalytique, c’est qu’il développe l’autonomie psychique, c’est à dire la capacité d’être à la fois libre et relié aux autres, au contraire des psychotropes qui induisent une dépendance dont il est parfois très difficile de sortir.
Par C.Demange-Salvage
Psychanalyste-Psychologue clinicienne
Mise à jour le 10.11.2022- Cet article est sous licenceCreative Commons Attribution-NonCommercial 4.0 International License. Cela signifie que vous êtes libre de copier, adapter et utiliser cet article dans la mesure où vous citez l’auteur et n’utilisez pas cet article à des fins commerciales.
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(1) Pierre Magistretti, François Ansermet, Neurosciences etPsychanalyse, 2010, éditions Odile Jacob, p19, p.31
(2) François Ansermet, Pierre Magistretti, A chacun son cerveau, 2004, éditions Odile Jacob